Voici ce que serait une Véritable Révolution Verte




Cet article est le premier d'un essai en 7 parties sur le type d'innovations politiques qui répondraient à la véritable situation environnementale difficile et, également, sur les raisons pour lesquelles la plupart des professionnels de l'environnement ignorent de telles idées pour promouvoir plutôt des idées limitées et restrictives. Il offre un contraste avec les programmes actuels, dans le but d'encourager un mouvement environnemental mondial en tant que force politique fondée sur les droits. Cette introduction fournit le contexte et le cadre de ClimatePlus, les propositions politiques étant présentées dans les parties suivantes.

Introduction


Alors que l'humanité est confrontée à un changement climatique catastrophique, nous entendons des appels au « changement systémique » ou à la « transformation ». Cependant, les idées politiques familières partagées par les hommes et femmes politiques, les chef·fe·s d'entreprise, les climatologues et les militant·e·s ne sont pas systémiques. Cela inclut les nouvelles annonces faites par les gouvernements lors de la COP26, sur des questions telles que la conservation des forêts et le financement du charbon. Mais on y retrouve également bon nombre des idées les plus audacieuses des défenseurs de l'environnement, comme l'illustreront quelques exemples gênants... Non, le désinvestissement des banques dans les combustibles fossiles n'est pas systémique, car si cela suffit à faire baisser le cours des actions des compagnies pétrolières internationales, alors la concurrence, les familles riches ou les fonds souverains du monde entier les rachèteront et continueront à pomper le pétrole pour répondre à la demande actuelle. Cela ne signifie pas que les banques et les fonds de pension font bien d'investir dans les compagnies pétrolières - ce n'est pas le cas. Mais essayer de changer cela n'est pas un objectif systémique car cela ne changera pas les impacts de l'humanité à grande échelle. Demander aux gouvernements d'arrêter de se concentrer sur la croissance du PIB n'est pas non plus une idée systémique, si le système monétaire qui exige que leurs économies croissent pour atteindre la stabilité économique reste établi. Condamner les processus de l'ONU comme des échecs pour appeler à des alliances multipartites sur le climat n'est pas une position transformatrice, car elle ignore comment l'influence des entreprises pendant des décennies a détruit le potentiel de ces processus de l'ONU et faussera également les initiatives issues de toute nouvelle alliance.

Suis-je donc simplement défaitiste ? Non, sinon je n'aurais pas pris la peine d'écrire cet essai en sept parties sur les réponses politiques radicales et transformatrices à notre situation environnementale difficile. Il existe de nombreuses innovations politiques systémiques qui pourraient aider l'humanité dès maintenant, mais vous ne les entendrez pas de la part des professionnel·le·s engagé·e·s dans la politique climatique ce mois-ci. C'est parce que les classes professionnelles, qui sont les personnes ayant le temps de s'engager dans les réjouissances politiques, ont été formées dans l'idéologie de notre temps, qui s'en remet au pouvoir existant dans un système capitaliste mondial. Je le sais parce que je suis l'une d'entre elles. Je me suis menti à moi-même pendant des décennies alors que j'essayais d'encourager une réforme significative par le biais d'initiatives volontaires de durabilité des entreprises. Pire encore, nous, professionnel·le·s travaillant sur des défis publics, sommes entouré·e·s de personnes au narcissisme non reconnu, où la motivation de se sentir éthique, intelligent et contemporain l'emporte sur toute demande d’informations approfondie sur ce qui pourrait se passer et être possible. Le fait qu'un nombre croissant d'entre nous soit contraint de sortir de ces schémas par une nuit obscure de l'âme est un aspect étrange mais positif des terrifiantes nouvelles climatiques. Cela signifie que nous pouvons à nouveau réfléchir à ce qui pourrait fonctionner, plutôt qu'à ce qui n'était qu'un discours facile à tenir à nous-mêmes - ou à nos admirateur·rice·s professionnel·le·s, client·e·s ou donateur·rice·s.

Publié sous la forme d'une série d’articles au cours des 7 prochains jours, cet essai a pour but de vous aider à explorer comment vous pourriez vous engager dans un changement social plus large, au-delà de votre foyer et de votre quartier, alors que vous anticipez une perturbation sociétale croissante due aux effets directs et indirects de la dégradation de l'environnement. Si vous souhaitez faire partie d'un mouvement politique aux objectifs pertinents, que ce soit dans le cadre de votre travail professionnel ou en tant que bénévole, j'espère que cet essai vous donnera de nouvelles idées et un nouvel élan. Je considère qu'il s'agit d'une ébauche d'idées pour une « véritable révolution verte », c'est-à-dire un changement fondamental des relations de pouvoir qui ont provoqué les chaos social et environnemental interdépendants de notre époque. J'aborderai des sujets controversés tels que la réforme monétaire, la géo-ingénierie, l'écocide, l'énergie nucléaire, le planning familial et le suicide assisté, entre autres. Par conséquent, je ne m'attends pas à un accord général, mais j'espère que l'essai illustrera l'ampleur des idées politiques qui peuvent découler d'une approche plus holistique et systémique que celle qui est présentée ce mois-ci alors que le monde parle du climat.

Je me concentrerai sur ceux qui pourraient être les domaines de politique publique les plus importants sur lesquels travailler, à la lumière des bouleversements en cours de notre mode de vie et des difficultés à venir. Ce que j'entends par « importants », ce sont les changements de politiques susceptibles d'affecter le plus grand nombre de personnes en modifiant les mesures incitatives et dissuasives dont nous faisons directement l'expérience. Compte tenu du caractère perturbateur de l'ère des pandémies, ainsi que du caractère perturbateur à venir de la panique climatique, je pense que certaines de ces idées politiques auront une chance d'être mises en œuvre, même si elles sont ensuite submergées par des perturbations ultérieures au fur et à mesure que le climat change. Néanmoins, la rédaction de cet essai m'a paru quelque peu futile. Parce que mes propositions vont à l'encontre de la puissante marée de la politique dominante qui est reflétée par la COP26 ainsi que par ses critiques. Ce sentiment de futilité m'a fait garder le silence pendant un certain temps. Puis j'ai réalisé que si les personnes comme moi ne partagent pas leurs idées sur ce que nous pensons être nécessaire, nous ne saurons pas s’il existe d’autres personnes sur la même longueur d’onde avec lesquelles collaborer. Si nous nous taisons, nous n'aurons pas non plus proposé un agenda contrasté qui pourrait aider les gens à comprendre les limites idéologiques de ce qu'on leur propose actuellement. Le silence signifierait que nous ne saurions pas si quelque chose de positif aurait pu se produire ; nous aurions accepté la défaite sans la dire. Je reste un pessimiste positif : je m'attends à un avenir très difficile, mais je reste avide de nouvelles idées sur la façon de réduire les dommages et de trouver de la joie dans ce processus. Même le contraste offert peut aider certain·e·s à ne pas participer à des réponses politiques contre-productives. Par conséquent, même si je m'attends à ce que les idées exposées dans cet essai ne soient pas mises en œuvre, je les partage avec le désir d'être pleinement présent à la situation, de défendre la vérité et le dialogue, et d'honorer nos capacités inépuisables à faire ce qui est juste, quelles que soient les circonstances.

Au cours des trois dernières années, depuis que le "Deep Adaptation Paper" sur l'effondrement de la société est devenu viral avec plus d'un million de téléchargements, je n'ai pas partagé beaucoup d'idées sur les mesures politiques. Non pas parce que je n'en avais pas, mais parce que je préférais encourager des modes de reliance et de discussion où des personnes de tous horizons développeraient de nouvelles idées sur ce qu'il convient de faire une fois qu'elles ont pris conscience de notre situation difficile. C'est ainsi que j'ai adopté mon point de vue sur le changement social, où la clé de l'engagement réside dans les questions communes, les meilleures façons de les explorer et l'expérimentation de multiples réponses possibles. Le même objectif de promotion d'une multiplicité d'idées sous-tend le livre Adaptation Radicale que j'ai édité avec Rupert Read. Dans ses pages, de nombreux·ses expert·e·s partagent leurs idées sur divers sujets, de l'éducation à l'économie locale en passant par le commerce et la psychothérapie. Cette approche reflète également une douloureuse prise de conscience : la complexité des processus de perturbation et d'effondrement de la société signifie qu'il peut être illusoire de proposer des recommandations de grande envergure aux réponses politiques. Cette complexité constitue un défi pour l'arène politique croissante de l'« adaptation au climat », que je vais explorer plus en détails dans cet essai.

Certaines personnes qui anticipent l'effondrement et d'autres qui nous observent ont l'impression que le cadre et la communauté de l'« adaptation radicale » ne concernent pas les politiques qui pourraient contribuer à réduire les dommages et à créer de meilleures possibilités pendant l'effondrement de la société. Il est vrai que certaines personnes très actives sur le forum d’Adaptation Radicale ne sont pas intéressées par les efforts visant à créer une influence plus large sur les gens par le biais des politiques publiques. Elles rationalisent cela de diverses manières, notamment en considérant que l'appareil de gouvernance actuel du marché et des gouvernements a une durée de vie limitée. Certaines personnes considèrent que tout travail visant à influencer les politiques est plutôt ennuyeux et pénible et ne souhaitent pas passer le reste de leur vie à s'engager dans de telles activités. Je suis conscient de ces points de vue, et je les comprends, mais je ne crois pas en leur utilité si cela devient la réponse dominante parmi ceux·elles d'entre nous qui anticipent ou considèrent que nous assistons à l'effondrement de la société. Au lieu de cela, si je partage quelques idées savoureuses mais à moitié cuites sur les innovations politiques en réponse à l'effondrement imminent ou en cours de la société, peut-être allez-vous croquer dedans, ou les recracher et en servir de votre cru ! Ce processus peut s'avérer un peu gênant en cours de route, mais de nouvelles et bonnes idées peuvent en ressortir.

Devenir systémique, c'est aussi devenir personnel


Avant de plonger dans des idées politiques spécifiques, il est important de mentionner d'où, philosophiquement, je viens. Le point de vue de chacun sur la nature humaine et le rôle de la gouvernance à cet égard sont donc essentiels. Dans mon exploration des approches systémiques des problèmes, j'ai découvert que les gens partent de toute une série d'idées sur la nature de la réalité et la nature de l'humain. Ces idées sous-tendent la façon dont ils imaginent la nécessité, et donc la nature, de la gouvernance. Cela touche aux débats les plus anciens de la philosophie politique, qui remontent plus loin que Hobbes, par exemple, jusqu'aux diverses idées de Platon, Lao Tseu et autres icônes de la pensée sur la nature humaine et la bonne gouvernance. C'est pourquoi, avant d'aborder les idées politiques spécifiques, je souhaite commencer par quelques réflexions sur la nature humaine et sur ce qui a pu mal tourner jusqu'à présent.

Si nous examinons les niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère au cours des 40 dernières années ainsi que les niveaux de perte d'habitat et de biodiversité, les tendances sont quasi exponentielles dans une direction terrible (à moins que vous ne soyez un cafard attendant la destinée de votre progéniture de régner sur la planète à la fin de l'Anthropocène). Les données brutes concernant l'impact de l'homme sur la planète constituent une preuve irréfutable de l'échec de nos efforts collectifs pour maintenir notre environnement vivant. En analysant ces courbes exponentielles tragiques, un climatologue m'a fait remarquer qu’on croirait que les humains se comportent comme une colonie de bactéries inintelligentes dans une boîte de Pétri. Lorsque de tels organismes se retrouvent dans une boîte de Pétri délicieuse, ils se reproduisent jusqu'à ce qu'ils épuisent leurs réserves de nutriments et créent trop de déchets pour leur propre survie, s'anéantissant ainsi. Je m'identifie comme un être humain, je suis donc peut-être subjectif sur cette question. Compte tenu de cela, je pense que nous sommes bien plus intelligent·e·s que les bactéries. Quelles sont donc les autres options permettant de donner un sens au dépassement par l'humanité des ressources de notre planète et à l'autodestruction qui en résulte ? Une idée est que nous sommes intelligent·e·s mais suicidaires. Une autre option est que nous sommes intelligent·e·s mais folles et fous. Peut-être le sommes-nous devenu·e·s à cause de l'anxiété que nous a causée la prise de conscience de notre propre mortalité, et avons donc inconsciemment détruit toute vie, y compris la nôtre. Si l'on met de côté ces réflexions existentielles sur l'inconscient collectif pour un moment, pour revenir au domaine de la conversation normale, ni le suicide ni la folie ne semblent intelligents selon une compréhension normale de l'intelligence. Cela ne signifie pas que le suicide peut sembler être une issue pour certains individus dans des situations de souffrance intense et irréductible (j'y reviendrai plus tard). Mais je crois qu'il y a une bien meilleure explication au fait que nous nous comportons comme des bactéries dans une boîte de Petri planétaire. Et il y a de bonnes études qui soutiennent mon idée. Donc, sans plus attendre...

L'humanité est opprimée par les systèmes qui ont été construits et maintenus par des gens parmi nous qui ont exprimé leurs plus bas états de conscience. Ces états de conscience sont remplis de peur, d'avidité et d'antipathie envers les autres humains. Ils conduisent les gens à chercher à acquérir plus de contrôle sur les ressources et les autres personnes. Ils créent et développent des systèmes qui réduisent le besoin de faire confiance et d'être digne de confiance, d'aimer et d'être aimé, de prendre soin des autres et qu’ils prennent soin de nous. L'histoire du vol des terres et des ressources communes, la création de monnaies et de banques, les entreprises qui maximisent leurs profits et la spéculation financière·: toutes sont liées à cette forme de conscience. Beaucoup d'efforts ont ensuite été déployés par des gens qui ont eu des carrières comme la mienne pour faire le woke-washing de cette séparation systématisée et de cet égoïsme. Beaucoup d'entre nous ne réalisent pas que nous faisons cela parce que nous n'avons pas connu de vie en dehors de ce système économique. Ce système nous a appris depuis notre naissance à nous percevoir les uns les autres et à percevoir le monde d'une manière qui implique la séparation, la rareté, l'acquisition et la compétition. Tout au long de notre vie, nous sommes récompensé·e·s et puni·e·s de telle sorte qu'il est plus facile de rivaliser pour acquérir des biens, un statut et des expériences, tout en externalisant les risques et les coûts sur les autres personnes, la nature et les générations futures.

Si nous ne prenons pas conscience de ces systèmes d'oppression et du fait qu'ils sont la raison pour laquelle l'humanité s'est mise dans cette terrible situation, nous ne saurons pas comment réduire les dommages futurs. C'est en négligeant cette question des hypothèses sur la nature humaine par rapport à la cause de notre situation difficile que je crois que le mouvement environnemental dans les économies avancées a été défectueux. Ignorer ou minimiser les oppressions systémiques et promouvoir au contraire un contrôle managérial accru des personnes sert à nous dénigrer tous, plutôt qu'à honorer nos inclinations réprimées mais résistantes à la solidarité et à la contribution collective. Ne pas reconnaître ces processus d'oppression revient à supposer implicitement que la nature humaine est mauvaise, stupide, suicidaire ou folle. Toutes ces suppositions sont misanthropes. Si nous ne prenons pas conscience de ce fil conducteur de la misanthropie dans les discussions politiques actuelles sur les questions publiques, alors, dans un état d'anxiété face aux changements et aux risques perturbateurs, beaucoup d'entre nous pourraient soutenir une plus grande oppression les uns envers les autres. C'est ce que j'ai identifié dans le récit dominant sur la façon de répondre efficacement à la pandémie, et mon encouragement à une réponse plus citoyenne à l'avenir, qui reconnaît nos capacités et nos désirs de prendre des décisions responsables pour nous-mêmes et pour les autres.

Quelles sont les innovations politiques qui pourraient avoir les effets les plus profonds et les plus larges sur l'ensemble d'une économie dans la société sans créer un fardeau bureaucratique encombrant ni s'immiscer inutilement dans la vie des gens ? C'est la question que je me suis posée en réfléchissant à toutes les idées dont j'ai discutées ou que j’ai développées avec des personnes dans le domaine du « développement durable » au cours des 30 dernières années. Nous savons qu'il faut travailler sur de nombreuses choses importantes. Par exemple, le monde de la mode est assez ridicule dans ses prémisses sur le changement constant et les questions superficielles d'apparence, tout en impliquant des impacts négatifs sur l'environnement et parfois sur la main-d'œuvre jusqu'aux chaînes d'approvisionnement. C'est un sujet sur lequel j'ai travaillé dans le passé. Toutefois, ce n'est pas l'un des principaux domaines sur lesquels il faut se concentrer si l'on cherche des idées de politiques susceptibles d'avoir les plus grands impacts. Pour cela, nous devons identifier ce qui a le plus de conséquences pour le reste de l'économie et de la société : nous devons identifier et changer le code de fonctionnement de notre économie et de notre société.

Cette orientation m'a inévitablement conduit à me concentrer sur les questions de gouvernance économique. Ces sujets peuvent être compliqués, rébarbatifs, remplis de langage technique et attirer des personnes sérieuses qui aiment cette façon de faire. Ces sujets peuvent sembler très éloignés des domaines d'expertise des personnes qui travaillent sur les questions environnementales. Les sujets de gouvernance économique sont également moins faciles à expliquer à un ami, un collègue ou un partisan d'une cause environnementale. Par conséquent, peu d'entre nous sont prêt·e·s à s'engager pleinement. De nombreuses personnes qui se sont engagées ont ensuite laissé leur militantisme derrière elles et ont fini par travailler au sein du système économique, en tant que consultant·e·s, bureaucrates ou conseiller·ère·s en investissement, animé·e·s par une histoire de changement progressif, qui passe au second plan à mesure que le reste de la vie devient plus important que leurs intentions militantes antérieures. Un autre obstacle à l'engagement des militant·e·s dans la gouvernance économique est une histoire erronée de pragmatisme. Je rencontre de nombreux écologistes qui disent qu'ils n'ont pas le temps de travailler sur la transformation économique. Il·elle·s sont effrayé·e·s, à juste titre, par le rythme du changement climatique et ses impacts actuels sur les sociétés. Le désir d'un impact urgent est compréhensible. Mais en soutenant qu'il faut travailler avec les pouvoirs économiques tels qu'ils sont, sans chercher à transformer les relations de pouvoir, ces personnes doivent ignorer comment les écologistes et les militant·e·s pour la justice sociale ont essayé pendant des décennies de réorienter le pouvoir des entreprises et des banques vers des résultats plus bénéfiques sur le plan social et environnemental. Il·elle·s ignorent l'expérience de cet effort, qui n'a démontré que des améliorations progressives alors que la trajectoire de l'économie mondiale a été différente, et les données sur la santé environnementale démontrent que les stratégies existantes n'ont pas fonctionné. Ces personnes ignorent également que, au cours des cinq dernières années, des activistes politiques ont réussi dans de nombreux pays avec un message explicitement rebelle par rapport au pouvoir en place. Avec cet appétit pour le radicalisme à l'esprit, je vous invite à considérer les idées politiques que je partagerai dans cet essai en 7 parties.

ClimatePlus et la délicate primauté politique du changement climatique


L'évolution rapide de notre climat et les perturbations météorologiques doivent constituer un principe d'organisation central pour toutes les politiques gouvernementales à venir. En effet, l'évolution du climat affecte tous les aspects de nos sociétés, directement ou indirectement, par le biais de ses répercussions sur l'alimentation, l'eau, les maladies, les catastrophes, l'économie, la psychologie, etc. Prioriser le climat ne signifie pas que toutes les autres considérations deviennent secondaires. Nous réagissons au changement climatique parce que nous nous soucions les uns des autres et de la nature. Certain·e·s philosophes, largement soutenu·e·s par des milliardaires, semblent accepter l'idée qu'il ne reste qu'un petit nombre d'humains sur Terre en échange d'un climat stable, car il·elle·s présument que cela permettrait à des milliards de futurs êtres humains de mieux profiter de la vie. Leur philosophie du « long-termisme » les aide à faire passer les vies futures imaginées des êtres humains avant la considération de ceux·elles qui sont en vie aujourd'hui. Cela signifie que les élites disposent d'une nouvelle histoire pour se justifier de leur changement dans la façon dont elles se rapportent au reste d'entre nous, qui vivons aujourd'hui. Elles s'imaginent qu'elles n'ont pas de comptes à nous rendre et qu'elles servent un objectif supérieur qu'elles ont imaginé. Comme beaucoup de gens, je ne suis pas enthousiaste à l'idée que des personnes ayant le pouvoir de permettre des génocides se justifient avec une nouvelle éthique et des hypothèses non prouvées pour la restauration du climat. Au lieu de cela, beaucoup d'entre nous veulent maintenir et même accroître nos valeurs, notre connexion et notre conscience, tout en répondant à la situation difficile. Nous sommes conscient·e·s que nous ne parviendrons peut-être pas à empêcher la catastrophe mondiale, et nous préférons préserver la dignité humaine dans le processus d'essai. Il y a donc un équilibre à rechercher, où nous centrons les réponses au changement climatique, tout en respectant la dignité humaine. En outre, il faut fouiller plus profondément pour comprendre pourquoi l'humanité, ou des parties de celle-ci, a provoqué cette situation terrible, et essayer d'apprendre comment ne pas aggraver les choses par des efforts à partir de la source de celle-ci.

Pour désigner cet équilibre et cet approfondissement des approches de la situation climatique, je l'appellerai l'agenda ClimatePlus. Il s'agit d'un programme qui ne se limite pas à une vision étroite de la réduction et de l’arrêt des émissions de carbone, mais qui garde la situation climatique à l'esprit dans tous les domaines de la société. Lorsque j'ai examiné comment un tel programme pourrait contribuer à l'innovation politique, j'ai gardé cinq objectifs clés à l'esprit.

- L’atténuation du changement climatique de manière significative, notamment en réduisant les émissions et le carbone de l'atmosphère.
- L'adaptation au changement climatique rapide et inévitablement grave, y compris des mesures responsables envers les personnes touchées, neutres en carbone et incluant l'anticipation des pires scénarios, voire l'effondrement de la société.
- La restauration du climat, y compris de l'Arctique, avec des méthodes sûres et réglementées.
- La régénération des écosystèmes et des sociétés qui en dépendent, y compris la migration assistée des écosystèmes.
- La réparation, par les nations les plus riches et le système financier international, des pertes et des dommages causés par le chaos climatique ; la reconnaissance de l'histoire des contributions à ces difficultés actuelles.

Lorsque j'ai cherché à savoir quelles pourraient être les interventions les plus systémiques pour chacun des cinq domaines de l'agenda ClimatePlus, j'ai réalisé que toute intervention pouvait avoir des implications dans plusieurs de ces domaines. Je me suis également rendu compte que le succès d'une intervention dépendrait du fait qu'elle ne crée pas de problèmes dans les autres domaines. Par conséquent, mes propositions abordent des questions structurelles plus profondes que la plupart des discussions politiques actuelles sur les problèmes environnementaux. Les idées politiques qui en résultent ne sont pas entièrement formées. Cependant, elles émergent de mon travail sur le développement durable depuis 1995 sur tous les continents (sauf l'Antarctique !), au sein des entreprises, des investissements, de la société civile, des universités, des partis politiques et du secteur intergouvernemental. Je ne suis donc pas inexpérimenté, et encore suffisamment jeune pour qu'il soit prématuré de me classer dans la catégorie des vieux professeurs cinglés. J'espère qu'en partageant ces idées, je contribuerai à l'ouverture d'un débat sur un programme vert plus radical qui réponde aux dernières données scientifiques sur l'effondrement de la biosphère.

Jem Bendell

La traduction ci-dessous est basée sur : https://jembendell.com/2021/11/04/this-is-what-a-realgreenrevolution-would-include/
Elle n'est pas tout à fait terminée, vous pouvez l'améliorer en nous rejoignant sur : https://mattermost.adaptationradicale.org/adaptation/channels/traductions//