+4°C en France en 2100 ?


Fin janvier, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, a annoncé que la future loi de programmation climat-énergie mentionnera deux trajectoires climatiques, dont l’une aboutira à environ 4°C de plus en moyenne par rapport à l’ère pré-industrielle pour la France. Le 23 février, il a réuni plusieurs organismes affiliés à son ministère, comme Météo France et l’Ademe, pour “anticiper” ce que seraient les mesures d’adaptation à envisager pour la France si ce scénario +4°C se réalisait.

Le premier point à souligner est que parler d’adaptation au climat ne veut pas dire qu’on renonce aux efforts d’atténuation, l’un ne s’opposant pas à l’autre, et les deux étant obligatoires et complémentaires pour une approche sérieuse de nos futurs. (voir : https://www.nourrituresterrestres.fr/p/57-adaptation-climatique-un-coup )

Contrairement à ce qui a été mentionné dans les médias et réseaux sociaux suite à ces annonces, envisager cette trajectoire à 4°C en France n’est pas pessimiste mais réaliste, et bien en dessous d’un scénario du pire. En effet, les 4°C en France correspondent approximativement à 2,8 ou 3° en réchauffement mondial moyen, ce qui est peu ou prou la trajectoire actuelle calculée en fonction des engagements de réduction volontaire des pays (NDC), et aussi la trajectoire “moyenne” parmi les derniers scénarios d’émissions envisagés pas le GIEC (soit le SSP2-4.5).

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https://esd.copernicus.org/articles/13/1397/2022/esd-13-1397-2022.pdf

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Cela correspond aussi au sentiment d’un grand nombre de spécialistes du climat, quand on leur demande leur opinion (source : sondage anonyme dans le journal Nature à la veille de la COP 26 de Glasgow auprès de 92 climatologues : prédiction largement majoritaire, +3°C ou plus d’augmentation mondiale en 2100)

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Pour rappel le pire scénario du GIEC, celui dont nous suivons encore la trajectoire au niveau mondial pour l’instant, entraîne des projections de +5 à +8 degrés en France en 2100.



(https://esd.copernicus.org/articles/13/1397/2022/esd-13-1397-2022.pdf, figure 5)

Envisager cette trajectoire à 4°C permettrait donc au gouvernement de dire enfin la vérité, le fameux “Tell the Truth” demandé par Extinction Rebellion, d’entendre l’appel des 1000 scientifiques qui ont indiqué fin 2022 que l’objectif de 1,5°C au niveau mondial est déjà hors d’atteinte ( https://reporterre.net/Limiter-le-rechauffement-a-1-5-oC-Trop-tard-affirment-mille-scientifiques ), et à la population de sortir d’un déni concernant les risques liés au dérèglement climatique. Cette prédiction est en effet fondée sur les données du GIEC et sur les déclinaisons régionales des modèles climatologiques reconnus, dont l’une d’elles concerne spécifiquement la France et a largement été relayée par les médias
( https://esd.copernicus.org/articles/13/1397/2022/esd-13-1397-2022-discussion.html,
https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-rechauffement-climatique-en-france-sannonce-pire-que-prevu ).

Adaptation Radicale (AR - voir notre charte) œuvre depuis 2019 à rassembler et à soutenir psychologiquement les personnes qui acceptent la probabilité élevée des effondrements à venir et veulent anticiper pour mieux s’y adapter, sans renoncer à l’atténuation, en agissant, expérimentant et apprenant ensemble pour soutenir l’adaptation, et en tissant des liens avec d’autres initiatives, pour construire un futur désirable et pérenne.
AR se réjouit donc de voir (enfin) les acteurs politiques prendre cette question au sérieux et reconnaître que l’adaptation n’est plus une option, que faire face à ces défis sans précédents nécessitera de véritables transformations et non des “rafistolages”, en d’autres termes “éviter l’ingérable ET gérer l’inévitable”.

AR souhaite penser “un coup plus loin” et insister sur le fait que la crise climatique représente une menace parmi de nombreuses autres intimement liées dans un ou plusieurs systèmes : crise de la biodiversité, des ressources et de l’énergie, crises migratoires et sociales grandissantes (guerres, émeutes), etc. Toutes ces crises rendent la probabilité d’effondrements de pans entier de nos systèmes sociétaux trop élévée pour ne pas déjà s’y préparer, comme pour le climat, avec des mesures d’atténuation et d’adaptation.

Guidé par des réflexions scientifiques et d’experts, le mouvement AR propose du guider les adaptations collectives en utilisant le cadre de réflexion des 4R :

  • Résilience (que voulons-nous PRÉSERVER et comment sauver ce à quoi nous tenons vraiment),
  • Restauration (que pouvons-nous RETROUVER pour nous aider à relever les défis à venir),
  • Renoncement (que pouvons-nous ABANDONNER pour ne pas pas empirer la situation),
  • Réconciliation (avec qui, quoi FAIRE LA PAIX, à l’heure où nous découvrons notre mortalité commune).



S’appuyant sur l’intelligence collective par une recherche-action citoyenne, AR conçoit et développe des réponses radicales face aux multiples processus d’effondrements et propose des réflexions sur les manières d’adapter au mieux nos modes de vie (personnels et collectifs) tout en promouvant la non-violence, la démocratie et la gouvernance participative, la solidarité et l’entraide, l’inclusion et le droit de vivre en bonne santé et en sécurité, comme des valeurs humanistes essentielles pour faire face aux périodes de crise, dans le respect de la planète et des “autres qu’humains”.

À toute collectivité, organisme ou groupe d’individus intéressés par cette démarche d’Adaptation Radicale à notre futur commun, AR propose :

  • l’organisation de Forums des 4R pour discuter localement, un peu comme une assemblée citoyenne, des priorités à dégager pour une adaptation radicale du territoire, de la ville ou du collectif considéré ;
  • des conférences de sensibilisation sur les effondrements possibles, la résilience, les communs ;
  • des rencontres en ligne avec des experts comme Stéphane Linou, Pablo Servigne, Alexandre Monnin…
  • une assistance à la création de groupe locaux (hébergement des réseaux et forums en ligne, association nationale de soutien, etc.) ;
  • pour les scientifiques, un lien actif avec l’initiative “Scholars Warning” qui a déjà fait deux tribunes dans la presse nationale et internationale pour alerter sur les risques systémiques et le besoin de discuter d’adaptation radicale ;
  • Une docuthèque de traductions (Articles de Jem Bendell et autres), de podcasts et de vidéos des entretiens passés ;
  • des moments d’écoute des émotions (cercle de parole) et rapport à notre mortalité (Death Café) ;
  • des ateliers de mise en situation autour des risques et des ruptures de normalité ;
  • des ateliers ludiques et pédagogiques autour de l’entraide.

La presse en parle


Changement climatique et adaptation : il faut sortir du déni

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https://www.liberation.fr/forums/changement-climatique-et-adaptation-il-faut-sortir-du-deni-20230308_HJX3NK5MOJG2PPLTRFDYS7S5MQ/


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https://www.leparisien.fr/environnement/climat-il-faut-sortir-du-deni-et-regarder-en-face-les-consequences-dune-france-a-4-c-10-03-2023-TPEDY4E3VJB7TEJ4BRQ67D2ZTU.php


https://www.lefigaro.fr/sciences/si-le-climat-se-rechauffe-trop-la-france-de-2055-en-cartes-20230303