L’argent, cause de la dégradation du monde

- partie 3 d'une Véritable Révolution Verte


Voici la 3e partie d'un essai en sept parties sur le type d'innovations politiques qui répondraient à la difficile situation environnementale et sur les raisons pour lesquelles la plupart des professionnels de l'environnement ignorent ces idées, et promeuvent à l’inverse des idées limitées et restrictives. Ces idées pour une Véritable Révolution Verte offrent un contraste avec les programmes actuels, dans le but d'encourager un mouvement environnemental mondial en tant que force politique basée sur les droits. Après avoir examiné la fiscalité et la réforme du marché dans la partie précédente, j'aborde ici le sujet encore plus passionnant de la réforme monétaire et de l'innovation en matière de monnaie, et la manière de transformer les codes de fonctionnement de notre économie afin de modifier les comportements de manière équitable.

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Transformation bancaire


La plupart des gens, y compris les politiciens, ne comprennent toujours pas que, dans les économies avancées, bien plus de 90 % de toutes nos transactions monétaires ne sont pas effectuées dans une monnaie émise par un gouvernement. Nos paiements électroniques et nos virements bancaires utilisent les registres privés des banques privées et les systèmes qu'elles ont établis pour effectuer des transactions entre elles. Ce que nous payons et recevons sont des unités de l'engagement de la banque envers nous. L’« argent » qui se trouve sur nos comptes bancaires privés n'a pas été créé par le gouvernement mais par les banques elles-mêmes lorsqu'elles ont émis des prêts ou ont reçu des dépôts physiques en espèces (beaucoup moins en comparaison). Le problème de la création de notre masse monétaire par les banques privées est qu'elles décident de la quantité d’argent frais créé et à quelle fin. Par conséquent, dans la plupart des pays, elles en prêtent la majeure partie pour l'achat de biens immobiliers, ce qui fausse leurs prix et crée donc un groupe de « propriétaires » asservis par la dette et d'autres louant de façon précaire mois après mois. En outre, comme elles facturent des intérêts, il y a plus de dettes dans le monde que d'argent pour les rembourser : l'argent doit donc être gagné, payé pour assurer le service de la dette, puis dépensé par la banque ou ses actionnaires afin d'être gagné à nouveau, dans un cycle qui n'est jamais parfait, en particulier lorsque des niveaux élevés d'inégalité signifient que certaines personnes retirent l'argent de la circulation (en ne le prêtant pas ou en ne le dépensant pas dans l'économie réelle). Cela signifie qu'un nombre croissant de prêts est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement du système et éviter qu'une pénurie d'argent n'entraîne des pertes d'emplois, des faillites, des saisies de prêts et des saisies immobilières. Les banques n'accorderont davantage de prêts que pour les activités qui, selon elles, généreront les bénéfices nécessaires au paiement des intérêts. Par conséquent, l'économie doit se développer, qu'un gouvernement ou une population le souhaite ou choisisse de se concentrer sur des mesures autres que l'augmentation du PIB (produit intérieur brut). Cette obligation d'accroître la masse monétaire sous peine d'instabilité économique est appelée « impératif de croissance monétaire ».

Cet impératif de croissance est d'autant plus problématique qu'un découplage de la consommation de ressources naturelles et des émissions de carbone d'une part et du PIB d'autre part n'a pas eu lieu de manière significative au niveau international, certains pays ne se découplant qu'en important des produits de l'étranger. L’efficience globale qui conduit à une réduction des ressources ou de la pollution par article produit n'a pas réduit la consommation globale de ressources naturelles et la pollution. Par conséquent, l'impératif de croissance monétaire qui découle de la nature de nos systèmes bancaires et monétaires signifie qu'une société sera empêchée d'atténuer et de régénérer efficacement le changement climatique sans réforme monétaire. Le système monétaire actuel ne permet pas une stabilité de l’économie, qui conserve sa taille et son niveau de transactions. Cette obligation de faire croître l'économie compromet également notre capacité à nous adapter aux perturbations, car il faut que le PIB continue d'augmenter pour éviter les effets négatifs de la raréfaction de l'argent. Malheureusement, le « mouvement décroissant » a largement ignoré ou minimisé cet aspect du système monétaire et a préféré affirmer que tout ce dont les sociétés ont besoin, c'est que nos dirigeants retirent leur attention du PIB et que le problème disparaîtra. Cette position pourrait être plus facile à adopter pour les universitaires et les militants qui s'imaginent être les éducateurs, plutôt que de reconnaître que nous sommes engagés dans une lutte contre des forces antidémocratiques. Une prise de conscience de ce dernier point implique des tactiques très différentes de celles consistant à donner plus de conférences et écrire plus de livres, tactiques qui relèvent davantage de l'organisation du contre-pouvoir face aux banques et de la préparation au contrecoup.

Un autre problème du système monétaire actuel est le pouvoir anti-démocratique des marchés obligataires. Actuellement, les gouvernements créent l'argent dont ils ont besoin, en plus des taxes, en vendant des obligations aux banques, qui créent effectivement l'argent dans le processus. Cela confère une position ridiculement puissante à ces banques, car leur opinion sur les politiques gouvernementales détermine si le gouvernement peut avoir accès à l'argent. Cela crée une situation dans laquelle un gouvernement est toujours préoccupé par une crise de confiance sur les marchés obligataires. Ce n'est pas démocratique et cela limite le degré de liberté d'un gouvernement à poursuivre un programme #ClimatePlus audacieux (décrit dans la première partie de cet essai). Une réponse aux deux problèmes que j'ai décrits est une double approche consistant à réduire la quantité de monnaie créée par les banques privées et à augmenter la quantité de monnaie créée par les banques centrales et les gouvernements. Par conséquent, les gouvernements ne vendraient plus d'obligations, mais créeraient de l'argent numérique et le vendraient ou le prêteraient aux banques et autres intermédiaires financiers, ainsi qu'aux entreprises, qui à leur tour le prêteraient ou le dépenseraient. Une partie de l'argent serait mise en circulation directement par le gouvernement. Un groupe indépendant superviserait la quantité de monnaie créée par le gouvernement afin d'éviter toute manipulation du cycle électoral. Cette approche a été baptisée « monnaie souveraine ». N'appréciant pas la possibilité de réduire leur pouvoir et leurs profits, les agences de relations publiques travaillant pour les banques privées ont entrepris de diaboliser les monnaies numériques des banques centrales (MNBC) par le biais de théories du complot selon lesquelles elles entraveraient la liberté. Et ce, en dépit du fait que les MNBC pourraient être conçues pour assurer une confidentialité totale des montants des transactions quotidiennes à l'intérieur des frontières nationales, et au moins plus que les systèmes actuels de paiements électroniques qui sont contrôlés par de multiples entreprises (un sujet sur lequel je reviendrai plus loin, lorsque je parlerai des chèques de services). Sans ces réformes monétaires, tenter d'atténuer, d'adapter, de restaurer, de régénérer et de réparer sera aussi impossible que de nager à contre-courant. C'est pourquoi la réforme monétaire doit être au cœur d'une Véritable Révolution Verte.

Outre la réforme monétaire, un autre type de réforme bancaire est nécessaire pour exploiter le pouvoir massif des banques afin de soutenir un programme ClimatePlus. Il s'agit du rôle de l’encadrement du crédit. Les banques seraient tenues de réduire leurs prêts aux projets fortement émetteurs en carbone, sauf exemption spécifique, et de maintenir un pourcentage significatif de leurs prêts aux entreprises enregistrées auprès du gouvernement comme travaillant sur des activités d'atténuation, de réduction, d'adaptation ou de régénération. Les décisions de prêts individuels seraient prises par les banques, de même que les conditions et les coûts des prêts, mais un certain pourcentage de tous les prêts devrait aller à de telles activités. Ainsi, si la banque voulait augmenter ses prêts pour d'autres activités, elle devrait augmenter ses prêts aux activités commerciales liées à ClimatePlus dans la même proportion. Les idées d'activités commerciales utiles liées à la nécessaire transition des économies viendraient des entrepreneurs locaux, sur la base de leurs connaissances locales. Soudainement, ces entrepreneurs et les projets qui répondent aux besoins de notre situation difficile auraient un accès au crédit comme jamais auparavant. L’encadrement du crédit de cette manière a été utilisé dans le monde entier par les gouvernements qui ont cherché à façonner la trajectoire de leur développement économique.

En plus de reprogrammer le système monétaire pour qu'il n’entrave pas mais au contraire aide le programme ClimatePlus, il est également important de pluraliser les moyens d'échange de manière à aider les gens à coopérer. Le principal moyen d'y parvenir est d'investir massivement dans la création et la croissance de réseaux de « crédits collaboratifs » appartenant à la communauté et à but non lucratif. Ces réseaux utilisent leur propre monnaie, qui n'est qu'une unité de mesure des transactions entre les participants, et ne peut être utilisée qu'au sein du réseau. Ces réseaux peuvent permettre la collaboration et le commerce au niveau local, sans dépendre des personnes qui gagnent de l'argent dans l'économie de marché, ni de la stabilité des systèmes monétaires nationaux ou internationaux. Cela est important pour adapter les communautés au risque accru de volatilité financière mondiale, ainsi que pour encourager la relocalisation de la production et de la consommation. Les gouvernements locaux devraient devenir les principaux organisateurs et/ou participants de ces systèmes de crédit collaboratif. Certains de ces systèmes pourraient se concentrer sur les petites entreprises, d'autres sur les particuliers, ou les deux. Il faudrait éviter la dépendance technologique en utilisant des systèmes de logiciels libres et des moyens de transaction aussi bien physiques que numériques.

Pour bénéficier d'un soutien important de la part des pouvoirs publics, les réseaux de troc commerciaux à but lucratif (également connus sous le nom d’échanges commerciaux, barter ou bartering) devraient adhérer à diverses normes relatives à leurs performances professionnelles. Les réglementations pourraient ensuite être améliorées pour faciliter leur fonctionnement dans tous les pays. Les jetons numériques qui tirent leur valeur de la spéculation (par exemple, les crypto-monnaies) sont totalement différents des réseaux de crédit collaboratif et des réseaux de troc commerciaux. Ces monnaies ne doivent pas être interdites mais nécessitent une réglementation ciblée pour réduire leur empreinte carbone. Une taxe mondiale sur l'énergie carbone devrait être fixée à un niveau qui rendrait certaines crypto-monnaies moins favorables. Cependant, comme cela prendra du temps à mettre en œuvre et qu'il y a des demandes d'énergie sans précédent de la part des crypto-monnaies reposant sur le système de la preuve de travail, elles devraient toutes avoir un délai pour passer à un code beaucoup plus économe en énergie, ou être interdites d'interaction avec le système financier ou de mention dans les contrats juridiques. (NB : en tant que socialiste libéral, je ne suis pas d'accord avec l'argument contrefactuel selon lequel le bitcoin n'est pas un problème en raison de son empreinte carbone et je remarque que, malgré des années de critique et une énorme capacité financière, l'industrie des crypto-monnaies n'a rien fait de significatif sur cette question volontairement, juste quelques communiqués ; il est donc sensé de recommander une réglementation de la spéculation et de la cupidité lorsqu'elle est particulièrement contre-productive).

Chèques de services


Très peu d'entre nous vivent de manière à produire la nourriture, l'eau, le carburant et les autres produits que nous consommons. Par conséquent, le modèle économique actuel exige que chacun d'entre nous vende son temps sur le marché ou à une agence gouvernementale contre un salaire ou, si nous possédons des actifs, en louer l'accès ou spéculer avec succès dessus, afin de générer un revenu pour couvrir les coûts de la vie. Avec les niveaux d'automatisation qui déplacent l'emploi, la nécessité d'un emploi à temps plein pour couvrir les coûts de la vie a été reconnue comme problématique. Une situation dans laquelle les pays envisagent de créer davantage d'emplois de toute sorte pour que les gens continuent à gagner de l'argent pour payer leurs frais reflète à la fois une approche particulière de la vie et pousse à la consommation. En réponse, certaines personnes ont plaidé pour un revenu universel (ou revenu de base) qui serait versé à chaque personne, qu'elle ait un emploi ou non, qu'elle en ait besoin ou non. Je suis contre cette idée pour un certain nombre de raisons. Je ne crois pas qu'il faille donner de l'argent public à des personnes (ou des entreprises) qui sont déjà relativement bien loties dans la société. Je ne crois pas non plus que les gouvernements puissent se le permettre avec le système monétaire actuel, et donc un revenu universel impliquerait des coupes importantes dans les aides sociales qui ciblent les plus démunis. Si le revenu universel existait, les gouvernements soutiendraient qu'il n'est pas nécessaire de fournir gratuitement les services de base que sont la santé et l'éducation, puisque tout peut se faire par le biais du marché. Ensuite, si l'inflation augmentait, les personnes à faible revenu pourraient soudainement se retrouver dans une situation bien pire si elles n'étaient pas en mesure de trouver un emploi pour compléter leur revenu universel.

À la place du revenu universel, je pense que des chèques de services devraient être fournis à toute personne qui déclare elle-même que ses actifs personnels sont inférieurs à un certain seuil (les actifs comprennent toutes sortes d'économies, d'investissements et de propriétés). Ces chèques pourraient être sous forme physique ou numérique, et acceptés par toute personne ou organisation. Toutefois, seules les coopératives enregistrées (de toutes tailles), les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises publiques (locales ou nationales) pourraient ouvrir des comptes pour recevoir les chèques et les échanger contre de la monnaie nationale par l'intermédiaire d'une chambre de compensation (dépendant soit d’une banque centrale, soit du ministère des Finances du gouvernement). Les utilisateurs individuels pourraient également les échanger entre eux, mais sans avoir la possibilité de les convertir en monnaie fiduciaire nationale. Les chèques seraient émis par une agence travaillant avec une banque centrale, qui les garantirait sous la forme d'une proportion de monnaie fiat de la banque centrale (pas nécessairement une garantie complète 1-2-1, car la garantie prend également la forme d'une obligation légale pour le gouvernement d'accepter les chèques comme paiement). Tout prestataire de services de paiement pourrait fournir des comptes de chèques aux utilisateurs finaux (c'est-à-dire pas seulement les banques). Les prêts de chèques ne seraient pas autorisés et ces fournisseurs de services de paiement ne pourraient pas non plus permettre le transfert de chèques en monnaie nationale, sauf par les organisations enregistrées mentionnées ci-dessus. Les utilisateurs pourraient dépenser leurs chèques de services sur tout ce qu'ils souhaitent et qui est proposé par ces organisations enregistrées comme acceptant les chèques de services. Les prestataires de services de paiement seraient tenus d'opérer de manière à ce que les informations relatives aux transactions inférieures à un certain montant soient privées, soit au moment de la transaction, soit très rapidement après (afin d'imiter l'anonymat des transactions en espèces). Les utilisateurs des chèques de services ne seraient soumis à aucune exigence, si ce n'est celle d'enregistrer leur identité et de déclarer eux-mêmes que leurs actifs sont inférieurs à un certain niveau afin de recevoir l'allocation régulière des chèques de services. Tous les utilisateurs de ces chèques pourraient les utiliser pour payer les impôts et/ou les taxes gouvernementales, tant nationales que locales. Il serait illégal pour toute entreprise d'exiger de ses employés qu'il accepte les chèques de services comme moyen de paiement, bien qu’ils puissent les accepter s'ils le souhaitent. En créant le système de cette manière, l’argent frais contenu dans les chèques ne s'échapperait pas rapidement des zones économiquement défavorisées où il serait le plus nécessaire, et contribuerait plutôt à encourager le commerce local entre les organisations plus petites et plus locales, ainsi que des formes rémunérées de coopération entre les populations locales. Les restrictions sur les transactions dans le système monétaire fiat national modéreraient tout effet potentiel sur l'inflation. Les chèques de services ne seraient pas menacés d'effondrement financier au sein du système bancaire mondial, car ils utiliseraient une infrastructure de paiement parallèle. Une fois que leur utilisation se serait développée, la politique de monnaie souveraine que j'ai décrite ci-dessus pourrait être renforcée et la part des transactions monétaires effectuée par les systèmes bancaires privés diminuerait progressivement. En outre, le fait que les chèques de services soient un système parallèle à la monnaie fiat nationale signifie également que les gouvernements ne seraient pas confrontés aux mêmes problèmes de déficits budgétaires pour les financer, car ils ne seraient pas créés par des ventes d'obligations de leur monnaie nationale, et la garantie des chèques avec la monnaie nationale ne serait pas nécessaire.

Ce système de chèques de services contribuerait à l'atténuation, à la régénération et à l'adaptation du climat, en soutenant la relocalisation des économies et en offrant des alternatives à un système monétaire qui exige la croissance et systématise l'extraction et la centralisation des richesses. Si vous comprenez le fonctionnement du système bancaire actuel, vous avez peut-être déjà deviné qu'il s'organiserait initialement de manière agressive et globale contre de telles propositions. C'est parce que cela briserait la position monopolistique des banques en fournissant les moyens de transactions quotidiennes. Une tactique consisterait à financer la promotion de théories du complot selon lesquelles un tel système de chèques impliquerait une surveillance, un contrôle social et affecterait la capacité à travailler. Malheureusement, la plupart des gens se laissent prendre à ces mensonges conspirationnistes pour deux raisons. Premièrement, ils ne se rendent pas compte qu'ils sont actuellement surveillés par de multiples entreprises et gouvernements lors de leurs transactions monétaires, que leur capacité à effectuer des transactions peut déjà être restreinte par ces entreprises et que le contrôle de la masse monétaire par ces banques signifie que la disponibilité de l'argent pour que quelqu'un paie leur salaire n'est déjà pas en leur pouvoir, ni en celui de leur gouvernement. Deuxièmement, ils ne se rendent pas compte qu'un chèque de services peut être conçu pour assurer la confidentialité, empêcher l'interférence du gouvernement et fournir de nouvelles formes de liquidité afin que le marché du travail ne soit pas affecté par les ralentissements de l'offre de crédit dans une économie bancaire. Malheureusement, en raison de près d'une décennie de lobbying contre l'innovation en matière d'argent numérique par les gouvernements occidentaux, le seul pays qui a mis en place ce système est la Chine, qui l'a introduit d'une manière qui ne respecte pas les principes fondamentaux de la vie privée et des libertés que j'ai décrits ci-dessus. Cela donne du grain à moudre aux théoriciens de la conspiration qui se mettent au service des banquiers en diabolisant les nouvelles formes de monnaie numérique émises par les gouvernements et la fourniture de monnaie gratuite aux personnes dans le besoin.

Malheureusement, ce système de chèques de services a également un nouvel adversaire de taille : les GAFAM. Elles se considèrent comme les prochains fournisseurs ou partenaires de la fourniture des futures monnaies. Les crypto-monnaies ne sont pas utilisées pour les transactions quotidiennes et il est peu probable qu'elles le soient en raison de leurs caractéristiques techniques. Les grandes plateformes qui comptent des milliards d'utilisateurs sont parfaitement adaptées pour devenir des systèmes de transaction qui utilisent leurs propres unités de compte, ou monnaie numérique. Avec le système de chèques de services que j'ai décrit, elles ne pourraient percevoir que des frais de transaction, plutôt que les revenus plus importants qui proviennent soit des intérêts sur les prêts, soit du droit de seigneuriage, c'est-à-dire de la création des unités pour elles-mêmes. Étant donné que les GAFAM et les systèmes bancaires seraient probablement très opposés à ce qu'un pays adopte ce système de chèques de services, ils pourraient tenter de discipliner un pays par le biais des marchés obligataires et d'autres approches infâmes. Par conséquent, un système de chèques de services devrait être développé au niveau international, avec le soutien d'organisations qui représentent l'économie réelle, plutôt que les GAFAM et les banques. Hélas, je n'ai pas vu ce genre de pensée systémique et de principe, et encore moins de leadership, dans aucune partie du système intergouvernemental au cours de mes décennies de travail avec celui-ci depuis 1997. Ce qui nous amène à la réforme de la gouvernance, le sujet de la prochaine partie de cet essai sur une Véritable Révolution Verte.