Concevoir et développer ensemble des réponses face aux processus d'effondrements
[ Une traduction de la lettre d'information internationale sur Deep Adaptation réalisée au moyen d'outils de traduction automatique, relue par la communauté francophone. Les ajouts et modifications apportées par la communauté francophone sont entre braquets et en italique ]
Deep Adaptation Quaterly - Lettre d'information trimestrielle sur la Deep Adaptation
La chaleur est là : qui est prêt ?
Numéro 11, août 2022
Bienvenue dans un résumé des trois derniers mois d'actualités, de points de vue, d'événements et de ressources dans le domaine de l'adaptation radicale (deep adaptation), présenté par le rédacteur en chef et auteur principal Dan Vie, avec le soutien de la rédactrice en chef adjointe et contributrice Jessica Groenendijk .
Ce trimestriel est une publication gratuite produite de manière indépendante, qui vise à inclure un large éventail de contenus liés au risque d'effondrement, à la préparation et aux réponses possibles. Dans ce document, nous adoptons une perspective critique sur la culture et les systèmes qui ont conduit à notre situation difficile et célébrons la solidarité.
[Même si le texte est présenté par Jem Bendell comme un éditorial, il s'agit en réalité d'un essai qui fera l'objet d'une publication en français séparée... seul le début de l'essai a été traduit ci-dessous par Jacques Tiberi et Eva Serayol, journalistes au Low-Tech Journal.]
3 août 2022, par Jem Bendell, pour le Deep Adaptation Quarterly.
Ne soyez pas un charlatan du climat !
« Énormément d’intelligence peut être mise au service de l’ignorance quand le besoin d’illusion grandit. » – Saul Bellow
Alors que les vagues de chaleur déferlaient sur l’Europe cet été, les grands médias occidentaux ont accordé plus d’attention aux problèmes de chauffage de cet hiver. Quand des températures de 40°C ont été atteintes au Royaume-Uni, beaucoup ont commencé à s’inquiéter et à s’interroger sur phénomènes à l’œuvre et à la gravité de la situation. Conséquence : les médias se sont mis à interviewer des climatologues. Et c’est là qu’une chose curieuse s’est produite. Certains de ces scientifiques ont commencé à « tordre » la science, pour promouvoir une idéologie, selon laquelle le danger cessera d’augmenter si certaines politiques spécifiques étaient poursuivies. Ils ont présenté leur point de vue comme s’il était fondé sur la science, et certains ont même attaqué tous ceux qui soulignaient les limites scientifiques de leurs analyses. Va-t-on nous imposer une « histoire officielle » du changement climatique ? Pourquoi ? Et en quoi cela va nous faire perdre beaucoup de temps.
En observant les interventions des experts dans les grands médias, on entend souvent la même rengaine. Quelque chose du genre : « La situation est mauvaise, mais elle peut être améliorée par l’État si nous, les citoyens, faisons bien tout ce qu’on nous dit. Si nous acceptons que notre argent subventionne des technologies qui n’ont pas fait leurs preuves. Et si nous nous opposons à tous ceux qui n’ont pas la foi en la technologie, en ses entrepreneurs, et ne se soumettent pas à leur autorité. »
Ce récit nous interdit d’être inquiets et d’arrêter notre petit train-train pour remettre en question le système et ses élites. Ce récit qui se renforce petit à petit, repris par les porte-paroles du gouvernement, les médias et même les algorithmes des GAFAM qui écartent les points de vue alternatifs.
C’est probablement lié au fait que les élites ont toujours vu le peuple comme un danger pour lui-même. Cela montre bien que leur priorité reste la sauvegarde de leurs privilèges, plutôt que l’exigence d’honnêteté vis à vis des souffrances qui existent déjà et de celles qui adviendront inévitablement dans l’avenir.
Comme l’ explique le Docteur Kenyan Stella Nyambura Mbau : « Les millions de déracinées par le changement climatique n’ont pas ‘l’optimisme tenace’ des élites. Au contraire, ils seraient bien plus aidés par le réalisme tenace des experts et des activistes, qui sont assez courageux pour lancer des appels urgents à la décroissance des pays riches et à une adaptation équitable partout. »
La question de savoir si le réchauffement climatique serait « inévitable », à cause de l’inertie du système terre, est un des derniers exemples de la tendance des experts à aller dans le sens des interprétations scientifiques données par les institutions.
Et parce que ce discours est porté par des climatologues de haut niveau, cela a été repris, l’année dernière, par une majorité de scientifiques, qui se sont rapidement mis en phase avec le nouvelle doxa du climat. Le tout, sans aucune contestation de la part des journalistes.
En regardant de plus près ce concept problématique de « réchauffement inévitable » tenu par certains climatologues, on se rend compte que la communication scientifique semble désormais s’être politisée, afin de manipuler l’opinion et protéger le pouvoir.
Dans le « Deep Adaptation Quarterly » (DAQ) nous sommes attachés la diversité des idées et des solutions. Nous sommes loin des tentatives des institutions de nous faire répéter une histoire bien ficelée, fondée sur des données scientifiques soigneusement sélectionnées; plutôt que sur les données complètes qui révèlent, elles, l'ampleur de la catastrophe qui nous menace. Mon édito pour cette édition du DAQ est un essai sur les dangers des récits gouvernementaux sur le réchauffement climatique, et les moyens de s'y faire face. Pour illustrer le problème j’examinerai le discours communément admis concernant le réchauffement "inévitable" de la planète dû aux émissions de CO2 déjà existantes.
[Vous pouvez retrouver la suite de ce texte sur le blog (en anglais) de Jem Bendell . La traduction française intégrale fera l'objet d'une traduction séparée.]
En tant que fenêtre sur le monde de l'effondrement, ce bulletin réfléchit sur les moyens de trouver un sens et de soutenir le travail et la guérison des autres.
OPINIONS
Ensemble dans l'abîme
Parfois, DA obtient une mystérieuse augmentation de nouveaux membres, et un grand afflux du Danemark est probablement venu via une interview danoise avec la psychologue Aimee Maxwell, dans laquelle elle encourage à cultiver la capacité de "regarder dans l'abîme sans s'y jeter" , contre « l'optimisme toxique » de ceux qui n'acceptent pas l'horreur d'un monde qui s'effondre : « le moins qu'on puisse faire, c'est d'y aller ensemble. Aller côte à côte avec soin et tendresse les uns pour les autres et essayer de réduire les inégalités plutôt que de les augmenter. A partager plutôt qu'à accumuler. "
De manière comparable, Stella Nyambura Mbau met en évidence les impacts des extrêmes climatiques dans son pays d'origine, le Kenya, défiant la 'positivité déplacée' de ceux qui insistent obstinément sur le fait que l'avenir se passera bien. Elle dit que les millions de personnes déracinées seraient mieux servies par le réalisme de ceux "assez courageux pour appeler à une décroissance urgente dans les pays riches et à une adaptation équitable partout", et non par des contes de fées d'élite intégrés dans le paradigme du développement durable mondial.
Un atterrissage en douceur
Ceux d'entre nous en Occident qui disposent de ressources et de mobilité agiront-ils pour soutenir un déclin plus doux et contrôlé, ou poursuivront-ils le « business as usual » (BAU) jusqu'à ce qu'un crash profond et dur anéantisse la majeure partie de l'humanité ? Plutôt qu'une stratégie de retrait et de refus de contester la trajectoire du capitalisme industrialisé, le blogueur canadien de l'effondrement Irv Mills, sur "The Easiest Person to Fool", présente un argumentaire convaincant aux Nord-Américains pour qu'ils prennent une longueur d'avance sur les systèmes coopératifs localisés dont nous avons besoin pour remplacer le BAU :
" Les classes inférieures ont beaucoup d'expérience dans la gestion des difficultés. pour eux… Si nous attendons simplement que le BAU s'effondre, nous allons probablement mourir de faim et geler dans le noir pendant que nous attendons.… Idéalement, vous voulez vivre dans une société qui s'effondrera aussi doucement que possible, offrant un solide filet de sécurité sociale et encourager et soutenir vos efforts de développement communautaire. Vous devez travailler pour vous assurer que la société dans laquelle vous vivez ressemble le plus possible à cela. ”
Le Département de la Recherche des Autres
L'adaptation radicale nécessitera un travail d'équipe. Comment gardons-nous de la place pour les possibilités et quel rôle pouvez-vous jouer le plus utilement dans la réduction des méfaits ? Sur le groupe Facebook Deep Adaptation Will Franks a évoqué l'idée de former une "Société pour la prévention de l'effondrement social", un organisme chargé d'aider les lieux gravement touchés à élaborer des plans d'urgence et de "naviguer lors du crash du système de manière plus harmonieuse et moins violente"
Au cœur est une question de travail : qui est responsable ? Qui est le mieux placé pour diriger l'adaptation et comment les communautés devraient-elles chercher à financer les services d'urgence ? Même si les villes ont connu une tendance à faire des déclarations d'urgence climatique (avec 2 248 juridictions déclarés à l'échelle mondiale à ce jour), les engagements financiers ont été pour la plupart superficiels et axés sur l'atténuation des émissions de carbone, et non sur l'adaptation. Pour certains, la planification officielle de la résilience ressemble plus à un abandon - ce podcast Hot Take appelle à la résistance plutôt qu'à la résilience .
Renforcer la résilience locale est un grand défi pour les municipalités. Sans dépendre des gouvernements, les initiatives citoyennes d'entraide sont par défaut, dans lesquelles des groupes ou des communautés interviennent spontanément en tant que premiers intervenants pratiques et psychologiques, agissant effectivement comme des ONG locales.
Et si chaque ville et village disposait d'une installation unique et librement accessible où les "Adaptateurs radicaux" pourraient se réunir pour collaborer sur des projets et développer leurs compétences ? Ce manuel explique comment demander à votre municipalité de réaffecter des bâtiments inutilisés en « centres d'urgence climatique ». Une vidéo raconte comment Islington, au Royaume-Uni, l'a fait.
Au Canada, Ben Kadel a lancé l'idée d'un projet "Canot de sauvetage" pour une flotte métaphorique de "réseaux de résilience basés sur le lieu", et a lancé un centre de retraite éducative sur sa ferme rocheuse de 40 acres en Colombie-Britannique, où les constructeurs communautaires peuvent soutenir un démarrage similaire -UPS. La morale étant : n'attendez pas le gouvernement. Plus ces « canots de sauvetage » inspirent les autres, pour permettre une plus grande résilience, plus ils peuvent devenir des espaces pour accueillir les autres, contrairement à la manière exclusive dont certaines personnes ont imaginé une approche « canot de sauvetage » dans le passé.
Le dernier canot de sauvetage du Titanic. Source : Wikipédia
Racines de résilience
Les réalisateurs du film primé Once you Know/Une fois que tu sais sont à la recherche de groupes pour organiser des projections publiques (voir la bande-annonce et écrire à sales@pulp-films.fr ; le tarif est négociable). Le film explore les thèmes du changement climatique et de l'effondrement systémique, ainsi que la résilience collective nécessaire pour y faire face.
Les outils de facilitation pour aider les gens à transformer les émotions difficiles en actions positives comprennent un guide de facilitation (pour la discussion après la projection). Autre produit du documentaire, Racines de la résilience (en anglais en septembre) est un portail web international de construction communautaire qui répond au besoin des gens de trouver des moyens pratiques, localisés et diversifiés d'agir individuellement et collectivement sur les questions liées à l'énergie, aux risques systémiques, au climat et à l'environnement, et à la résilience. Le portail offre un large éventail de possibilités d'action à tous les niveaux de sensibilisation, de connaissance et d'engagement du public. Une petite équipe de bénévoles est en train de traduire l'arbre d'action existant en anglais. D'autres arbres, plus spécifiques à chaque pays, seront progressivement créés.
Vous souhaitez recommander des projets, réseaux ou organisations intéressants ? Participez et partagez des liens. Pour savoir comment contribuer, consultez ce court tutoriel vidéo et les directives. Vous avez des questions ? Rejoignez le groupe de discussion Telegram ou envoyez un courriel à l'adresse contact@roots-of-resilience.net .
Ou inspirez-vous de Solaris, un autre réseau d'entraide localisé lancé dans la haute vallée de l'Aude, à Rennes-le Château, en France, en octobre 2021. Une présentation de 20 minutes de cette initiative est sous-titrée en plusieurs langues, dont l'anglais. Le fondateur Frédéric Vidal y explique comment le concept est né et comment il fonctionne. Trois mois après sa création, plus de 20 000 personnes, dans 70 % des départements français, se sont impliquées. Pourquoi ? Nous supposons que de nombreuses personnes en France, avec leur propre mouvement de collapsologie, sont non seulement plus conscientes de la transition vers l'effondrement mais ont déjà des racines villageoises bien établies à partir desquelles pousser une forêt de possibilités.
[Cette évocation du réseau Solaris ne correspond pas à une prise de position ou un soutien de la part de la communauté francophone d'Adaptation radicale]
Composter les générations passées
Comment transmettre les connaissances et les ressources aux générations futures ? Richard Heinberg, du Post-Carbon Institute, et le permaculturaliste David Holmgren ont eu un entretien intéressant avec Jessica Parfrey de Transition US sur The Limits to Growth : 50 Years On.
[Vous pouvez activer les sous-titres et la traduction automatique sur cette video]
Vers la fin, Heinberg s'excuse pour notre incapacité à protéger les jeunes d'aujourd'hui. Holmgren ajoute que les systèmes éducatifs ont également failli à leur devoir envers les jeunes, mais qu'avec l'effondrement des systèmes capitalistes, d'abondantes ressources seront libérées pour être compostées. Il cite les projets de permaculture qui réutilisent de manière créative ce qui existe déjà : "Nous ne manquons pas vraiment de matériaux, nous manquons de compétences pour les utiliser" - et nous devons partager, réparer et adapter ce que nous avons, dans un processus de "destruction créative".
Bouddha de la nuit, par Dan Vie
La révérence comme cinquième R
"Heureusement, de nombreux groupes confessionnels n'attendent pas les décideurs politiques", déclare le révérend Lauren Van Ham, un "éco-aumônier" interconfessionnel américain travaillant dans des établissements de psychiatrie pour adolescents et de soins palliatifs. Elle évoque le travail des groupes religieux pour cultiver "l'optimisme intérieur" et soutient les vertus de l'ajout de la révérence comme "cinquième R" dans le canon de l'adaptation radicale, la décrivant comme une racine de gratitude et un foyer pour nos actions : "La résilience est moins liée à notre point de départ qu'à ce que nous devenons... L'ajout de la révérence aux quatre autres R crée une dimension, une profondeur, un foyer auquel nous pouvons revenir après nous être aventurés dans des actes de renoncement, de restauration ou de réconciliation."
Le cours de leadership DA
L'éco-psychologue australien Geoffrey Berry de Nature Calling a participé cet été au cours de leadership en adaptation profonde avec Jem Bendell et Katie Carr, afin d'explorer les qualités de leadership nécessaires aujourd'hui :
"Nous voulons succomber en nous battant, mais en ayant à l'esprit le bon combat, celui où nous prenons soin les uns des autres, des êtres compatissants sachant que notre destin a toujours été la mort au-delà de tout ce que nous pourrions accomplir dans cette vie... après 30 ans de militantisme environnemental, j'accepte notre disparition imminente et je travaille plutôt à sauver nos âmes."
L'avenir, à travers un œil vitreux
L'acerbe Chris Hedges envisage un avenir sinistre fait de tyrannie des multinationales, de pillage et de mort massive - une apocalypse volontairement conduite par la classe dirigeante mondiale, où les plus privilégiés tiennent bon dans leurs forteresses climatiques du Nord jusqu'à ce qu'ils "succombent eux aussi au grand dépérissement" : "La classe des milliardaires continuera à exploiter, mais sous un autoritarisme plus grossier et plus cruel... Les persécutés et les abandonnés, qui se comptent maintenant par dizaines de millions, connaissent l'avenir.... le message transmis aux pauvres, aux vulnérables, aux malades et aux faibles est le suivant : vos vies et celles de vos enfants ne comptent pas."
Est-il trop tard ?
L'adaptation radicale est-elle un retrait hors de l'arène politique ou une occasion d'ébranler les fondations structurelles et de s'engager davantage ? Les catastrophistes pensent-ils que l'humanité a dépassé le point de récupération et que les forces de la croissance sont "trop puissantes pour tout défi significatif" ? Dans le nouvel Internationalist, Richard Swift critique le papier de Bendell sur l'adaptation radciale dans une évaluation détaillée du débat public autour de l'AD, en abordant certains points sensibles sur l'engagement et des intentions :
"La dégradation du climat est tellement imbriquée dans les inégalités du capitalisme de croissance... que ne pas les remettre en question est un manquement au devoir... Devons-nous abandonner les grandes batailles et nous replier sur de petites enclaves de possibilités ?"
Ce sont des questions rhétoriques, car beaucoup se replient, non pas parce que Deep Adaptation le dit, mais peut-être comme un mécanisme d'adaptation à l'ampleur du traumatisme auquel nous sommes confrontés. L'attention et l'élan seront catalysés par la nécessité. M. Bendell a déjà répondu aux critiques selon lesquelles le document original ne portait pas sur les stratégies politiques, car il s'adressait à ses collègues spécialistes de la durabilité des entreprises. Depuis lors, le concept d'adaptation profonde a été développé de manière significative dans le livre édité par Bendell et Read, tandis que le document lui-même a inspiré l'activisme politique d'Extinction Rebellion. De son côté, le journaliste britannique George Monbiot, spécialiste du climat, estime qu'il est trop tard pour un changement progressif. Se référant à une étude sur la "dynamique des dominos", il affirme qu'en mobilisant seulement 25 % des gens, nous pouvons faire basculer les attitudes sociales en faveur d'une action climatique radicale.
Agir sur la vérité
En mai, la consultante en sécurité de Shell Oil, Caroline Dennett, a décidé qu'elle ne pouvait plus vivre avec sa propre conscience, a démissionné et a exhorté ses collègues à ne plus travailler pour les grandes compagnies pétrolières. Andrew Medhurst, banquier à la City, conteste l'idée que les lectures catastrophiques de la science du climat provoquent l'apathie. Au contraire, elles l'ont incité à démissionner en 2019 et à se tourner vers l'activisme. Greg Rolles a récemment quitté son poste d'enseignant parce que ses étudiants lui demandaient "Eh bien, qu'allez-vous faire à ce sujet ?" chaque fois qu'il parlait de la crise climatique.
De nombreux scientifiques et universitaires en ont également assez. Ils en ont assez de publier des rapports et des articles émotionnellement secs mais de plus en plus stridents, assez d'être ignorés, assez de l'inaction des politiques et des entreprises. Au lieu de cela, malgré la crainte de nuire à leur réputation professionnelle ou de perdre leur emploi, ils prennent la plume pour exprimer ce qu'ils ressentent, descendent dans la rue pour protester ou prennent part à des actions de désobéissance civile. Ils communiquent publiquement avec une passion inhabituelle et avec la conviction qu'avec la connaissance vient le devoir d'agir en fonction de la vérité.
Emma Smart, scientifique rebelle, à propos de l'action directe non violente et de l'arrestation : "C'est une sérénité féroce où je me sens complètement concentrée : un sentiment inébranlable de clarté volontaire qu'à ce moment-là, je fais exactement ce que je dois faire".
Peter Kalmus sait ce que ressent Smart. Après son arrestation pour s'être enchaîné aux portes de JP Morgan Chase, le bailleur de fonds des énergies fossiles, Kalmus est devenu le climatologue le plus suivi sur Twitter. "Nous ne mentons pas, nous n'exagérons pas... nous sommes prêts à prendre ce risque", a-t-il déclaré dans son discours viral sincère. Derrière lui, une pancarte indique "Nous sommes la nature qui se défend".
De l'autre côté du spectre
Si vous êtes d'humeur jouteuse, le groupe espagnol Marxism and Collapse a organisé un échange écrit sur l'effondrement entre le linguiste et critique social Noam Chomsky, le chercheur social chilien Miguel Fuentes, et l'analyste des sciences du climat et "catastrophiste" (doomer) Guy Mac Pherson. Le débat est décrit comme un "concours idéologique" de visions du monde opposées, demandant leurs réponses sur le caractère inévitable d'un effondrement catastrophique, voire d'une extinction. Max Wilbert de Deep Green Resistance a ensuite été invité à participer et a publié l'intégralité de l'échange sur DGR. Le site Marxism and Collapse a une option en anglais mais la plupart des documents sont en espagnol.
par Kristopher Roller. Source : Unsplash
TOUR D'HORIZON DES MÉDIAS
DAQ suit les canaux médiatiques liés à l'effondrement, amplifiant les voix de la crise et de l'amour.
Dialogues publics avec Jem Bendell
Les sessions régulières de questions-réponses de Jem Bendell sont partagées sur sa chaîne YouTube . Une heure en présence au sol de la coordinatrice de DAF, Kat Soares , a exploré leurs antécédents communs en tant qu'exilés du mouvement de durabilité, comment gérer l'inconfort des médias face au traumatisme climatique et comment ne pas renoncer à l'amour et à l'humanité.
En mars, Bendell a rencontré l'ingénieur de Harvard, le Dr Ye Tao , pour parler de la réparation du climat et discuter de la géo-ingénierie vaut la peine d'essayer .?, étant donné les angles morts de la modélisation scientifique autour de la gestion du rayonnement solaire. Le projet de réflexion MEER propose le déploiement rapide d'un nombre massif de miroirs dans le monde entier, comme méthode de géo-ingénierie sûre et volontairement abordable. Pour en savoir plus, consultez le site Web de Ye Tao , suivez-le sur Twitter ou regardez ce court métrage d' animation .
Apprendre des mouvements sociaux
La conférence Climate Forward de Londres (Royaume-Uni) , organisée en juillet par le New York Times (NYT), a exploré les thèmes des réparations, de l'urbanisme et de la sécurité des ressources. Dans Orgueil et préjugés : appliquer les enseignements d'autres mouvements sociaux au climat, la rédactrice en chef du NYT Anita Badejo, la fondatrice de Green Generation Elizabeth Wathuti et l'avocate militante Farhana Yamin discutent de ce que les militants pour le climat peuvent apprendre des succès spectaculaires des autres.
Baum's Collapse Club
David Baum, ancien modérateur du groupe Deep Adaptation sur Facebook et créateur de la série d'interviews en streaming Collapse Club , s'est entretenu avec le révérend Michael Dowd sur Trusting What Is Inevitable , pour donner la priorité à l'urgence calme et à l'amour en action plutôt qu'au désespoir.
Collapse Club a également rencontré Tristan Sykes et le Dr Kate Booth de Just Collapse ; et Karen et Jordan Perry sur le sujet Getting Real About Collapse, passant en revue le plan en dix points de Karen sur la façon de "devenir réel", y compris la recherche de réponses radicales et l'abandon des fausses solutions.
Le Sommet : Décoloniser l'économie
La troisième conférence annuelle sur le post-capitalisme de Humboldt en avril a réuni des organisateurs progressistes pour des discussions sur les méfaits coloniaux, la construction de mouvements de retour à la terre (pour restaurer les territoires et les ressources à la gouvernance indigène) et « faire passer les gens avant le profit », résume bien dans ce rapport de Shareable. Voir les discussions dynamiques dans leurs archives vidéo.
Régénératif par conception
Comment les actions régénératives peuvent-elles augmenter la capacité de charge de la Terre ? Pour le 50ème épisode de Doomer Optimism, un « podcast sur les solutions localisées et exploitables à la crise climatique », le bio-régionaliste Jason Snyder a animé une riche table ronde de deux heures sur les cultures régénératives avec Kate Raworth (Doughnut Economics), Nora Bateson (créatrice de « données chaudes »), Daniel C. Wahl (Designing Regenerative Cultures) et Joe Brewer (The Design Pathway for a Regenerative Earth, lire ici un chapitre à la fois).
Démantèlement des fausses solutions
Hoodwinked in the Hothouse IV: Greenwashing Disaster Capital démystifie les méthodes de greenwashing des entreprises, des ONG et des philanthropes qui cooptent les récits indigènes (« souvent plus vite que nous ne pouvons les générer ») pour financer leurs propres agendas extractivistes.
La table ronde est la quatrième d'une série du Climate False Solutions Collective , organisée par Indigenous Climate Action, l'Indigenous Environmental Network et une large coalition qui s'appuie sur les prémisses du livre Hoodwinked in the Hothouse: Resist False Solutions to Climate Change .
Réveiller le climat
Vicki Robin de What Could Possible Go Right? a interviewé Margaret Klein Salamon de Climate Awakening, un groupe frère de DA, pour activer le pouvoir des émotions climatiques en tant qu'« acte politique puissant ». Psychologue clinicien de formation, Salamon pense que « les humains communiquent le risque de manière sociale, et non rationnelle» et qu'un réveil collectif pour basculer l'interrupteur en mode urgence est encore possible.
Salamon est également directeur exécutif du Climate Emergency Fund , un incubateur de mouvement qui fournit un financement catalytique pour mener à bien des actions climatiques radicales et à fort enjeu à une vitesse d'urgence. Depuis 2019, ils ont financé 86 jeunes organisations ambitieuses telles que Scientists Rebellion, Just Stop Oil et Save Old Growth. Salamon pense que nous devons abandonner la planification graduelle : " Il est temps de montrer au monde à quel point nous sommes désespérés... et d'exiger un changement transformateur absolu à tous les niveaux qui protège l'humanité et toute vie ".
Le Comité international de secours, qui répond aux pires crises humanitaires du monde, a noté lors de la Journée mondiale des réfugiés (20 juin) qu'un nombre record de 100 millions de personnes dans le monde sont déplacées de force. En décembre, l'IRC a publié sa liste de surveillance d'urgence , un rapport annuel sur les pays les plus susceptibles de se détériorer, mené cette année par l'Afghanistan, l'Éthiopie et le Yémen. Mais l'IRC suggère également que la nature insoluble des conflits modernes est une « défaillance du système » :
«Toute crise humanitaire, à son origine, est une crise politique… C'est une défaillance du système parce que, d'abord, l'État n'assume pas ses responsabilités. Deuxièmement, les puissances régionales n'essaient pas de négocier la fin des combats, elles interviennent pour leur propre bénéfice. Et le conflit est mené au mépris total des droits des civils, avec des abus massifs. Quant à l'aide humanitaire, le financement n'est pas là. L'année dernière, les humanitaires ne disposaient que de 37 % du financement dont ils avaient besoin pour faire leur travail . »
Pansement, de Luis Villasmil . Source : Unsplash
Repousser les limites
Dans un autre appel à l'action, le nouveau rapport d'évaluation de l'ONU sur les risques de catastrophe dans le monde (publié en mai 2022) reconnaît la probabilité d'un effondrement de plus en plus proche, au point que la Terre ne soit plus habitable en toute sécurité. L'apocalypse est en train de s'abattre sur nous.
Le rapport d'évaluation mondiale sur la réduction des risques de catastrophe (GAR2022) révèle que quatre des neuf frontières planétaires conçues par Johan Rockstrom en 2009 fonctionnent désormais en dehors des seuils de sécurité et pourraient éventuellement conduire à des événements de risque catastrophique mondial au cours de la décennie (un événement de risque catastrophique mondial est défini comme plus de 10 millions de morts ou 10 000 milliards de dollars de dommages). Même avec des "interventions" mondiales. Nafeez Ahmed suggère que la situation est en fait pire que ce que les autorités admettent, car des sources internes révèlent que le rapport a été considérablement édulcoré avant sa publication.
Dans la revue Undisciplined Environments, le professeur de philosophie grec Giorgos Velegrakis évalue le parti pris technocratique de Rockstrom et conteste la "logique destructrice" de l'impératif de croissance. Quelqu'un veut-il corriger le tir ?
Perceptions faussées du risque
Jem Bendell, ainsi que plus de 4 000 participants de 185 pays, ont assisté en mai à la 7e session de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe à Bali pour remettre une lettre, signée par 100 signataires au nom de Scholar's Warning, qui critique les échecs des objectifs de développement durable.
On prévoit que le nombre de catastrophes atteindra 560 par an, soit 1,5 catastrophe par jour, d'ici à 2030. GAR2022 attribue cette situation à une perception erronée du risque, fondée sur "l'optimisme, la sous-estimation et l'invincibilité", qui conduit à des décisions politiques dangereuses. L'événement a exhorté les participants à "penser résilience", à attirer davantage de fonds pour la préparation et à ne laisser personne de côté.
Par ailleurs, dans un article publié en juillet dans la revue Sustainability, Jem Bendell critique en détail les Obectifs de Développement Durable et appelle à un nouveau cadre de coopération internationale axé sur la gestion des risques de catastrophe.
by Rebecca Li. Source: Unsplash
COURS ET EVENEMENTS
Sommet mondial de la réparation de la Terre
Après une interruption de trois ans, le Global Earth Repair Summit revient à Port Townsend, dans l'État de Washington, du 21 au 24 octobre, et démarre par un événement en direct d'une journée suivi d'une conférence mondiale en ligne. En 2019, l'événement a rassemblé 500 participants et plus de 100 intervenants, avec les discours principaux de John D. Liu, Thomas Goreau, Precious Phiri et Charles Eisenstein. Les conférences peuvent être visionnées sur leur grande archive vidéo.
Le sommet de cette année réunira des praticiens de la restauration qui présenteront leurs méthodes pour restaurer les habitats et les écosystèmes dégradés, et aider la nature à faire son propre travail. Parmi les sujets abordés, citons le réensauvagement et la régénération dans les zones de crise, la prévention de la sécheresse et de la famine, la protection de la diversité des semences et le partage des connaissances autochtones. Vous souhaitez collaborer ? Contactez-nous ici.
Citoyens de la nature
On parle généralement du changement climatique en l'isolant des autres crises mondiales. Mais de nombreux experts avertissent que la dégradation du climat recoupe la perte de biodiversité ainsi que la dégradation des sols, et que ces trois maux interconnectés doivent être combattus simultanément si nous voulons que notre planète commune continue à nous soutenir.
Les Nations unies (ONU) ont récemment annoncé que leur conférence mondiale sur la biodiversité (COP15), bien que toujours présidée par la Chine, se terminera désormais à Montréal, au Canada, à la mi-décembre. Entre-temps, un nouveau rapport de l'ONU, compilé sur quatre ans par 85 experts, évalue la durabilité de notre utilisation des espèces sauvages et constate qu'elle contribue quotidiennement au bien-être de milliards de personnes et qu'elle est particulièrement importante pour les personnes en situation vulnérable. Les plantes, algues et champignons sauvages, par exemple, fournissent de la nourriture et un revenu à une personne sur cinq dans le monde. En fait, "70 % des pauvres dans le monde dépendent directement des espèces sauvages et des entreprises qu'elles favorisent." Les délégués de la COP15 devraient donc adopter un accord de style Paris pour la nature, appelé cadre mondial pour la biodiversité post-2020, qui vise à restaurer et à protéger la variété de la vie sur Terre, idéalement par le biais d'une transformation profonde et systémique, plutôt que par des interventions politiques fragmentaires et superficielles.
Ce cadre, soutient Irène Wabiwa, chef du projet forestier du Bassin du Congo de Greenpeace International, devrait "reconnaître les droits des peuples autochtones et des communautés locales... et les placer au centre des décisions et des financements."
Une lettre collective au nom des membres du Réseau international pour les droits économiques, sociaux et culturels (ESCR-Net) appelle toutes les parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) à protéger et promouvoir le droit à la terre, ainsi que les droits d'occupation des peuples autochtones et des autres communautés locales, en faisant valoir qu'ils "jouent un rôle démesuré dans la conservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique".
Le dernier rapport des Nations unies abonde dans ce sens, affirmant que "globalement, la déforestation est généralement plus faible sur les territoires autochtones, en particulier lorsqu'il existe une sécurité foncière, une continuité des connaissances et des langues, et des moyens de subsistance alternatifs." Le dernier message clé du résumé à l'intention des décideurs politiques invite à passer du "dualisme homme-nature profondément ancré dans de nombreuses cultures (mais pas toutes) à une vision plus systémique selon laquelle l'humanité fait partie de la nature."
Appel à l'action d'Extinction Rebellion UK
XR UK a publié un appel ouvert à la résistance civile pour arrêter l'économie fossile le 10 septembre. Consultez cette page pour des mises à jour ou pour vous impliquer.
Abya Yala en transition
Des groupes de transition de toute l'Amérique latine seront présentés dans Abya Yala - In Transition to What !? avec des traductions en espagnol, portugais et anglais. Le 12 août, The Ecosocial Transition accueillera des intervenants de deux communautés mexicaines : des femmes tisseuses de textiles de Mixteca Alta raconteront leur histoire d'expulsion, et des citoyens de Maseual Tutunaku parleront de la résistance à l'exploitation minière et de la formation de coopératives autogérées.
Le 24 août, vous entendrez des organisateurs du Chili, de Colombie, du Brésil, de Bolivie et du Mexique sur les droits de la Terre Mère et de la nature en Amérique latine ; et le 9 septembre, vous entendrez le projet Municipalities in Transition à Vila Mariana, à Sao Paolo, au Brésil.
Transition US - Semaine d'action de l'automne 2022
Lancée le 10 octobre, Journée des peuples indigènes, rejoignez les communautés à travers les États-Unis pour faire preuve du courage, de la créativité et de la joie nécessaires pour réimaginer et reconstruire notre monde. Toute personne qui s'efforce d'aller au-delà de l'extraction, de l'inégalité et de l'injustice est invitée à ajouter ses offres au programme de Transition US dans le cadre de Regeneration Nation, sa campagne continue de trois ans.
La crise de la Terre et le mouvement environnemental mondial
Du 9 au 13 août, la New School de New York présentera une conférence virtuelle de cinq jours réunissant des universitaires, des militants et des organisateurs de mouvements axés sur les études mondiales, l'écologie politique et la justice climatique (inscrivez-vous aux événements un jour à la fois).
Eaux profondes
Deep Waters, le programme confessionnel de soins pastoraux du Royaume-Uni, est une offre chrétienne verte permettant d'exprimer ses sentiments sur le changement climatique et la perte de biodiversité, qui débutera le 20 septembre. De même, les Quakers britanniques organisent une année d'apprentissage et de réflexion spirituelle sur la justice climatique, avec des cours en ligne jusqu'en juillet 2023.
S'engager au-delà des différences
Allant au-delà de la formation 101 sur la race et la diversité, le Radical Dharma Camp à l'Institut Omega, du 6 au 9 septembre, sera une expérience libératrice pour les personnes déjà engagées dans des interventions en faveur de la justice raciale dans leurs communautés d'identité, de foi et de vocation, sous la direction des activistes Angel Kyodo Williams (prêtre zen et fondateur du Center for Transformative Change de Berkeley, en Californie) et Jasmine Syedullah.
Grâce au son, à la présence, au jeu et à la pratique, plongez dans l'approche de Radical Dharma pour perturber les structures du patriarcat, de la suprématie blanche et de l'oppression, et "passez outre les peurs et la résistance qui limitent notre capacité à agir par amour".
Remplissez notre formulaire pour soumettre les détails de votre propre événement ou cours en ligne pour qu'ils soient pris en considération dans notre prochain DA Quarterly.
LECTURES
La marée montante du malaise climatique
Dans Generation Dread : Finding Purpose in an Age of Climate Crisis, la communicatrice scientifique Britt Wray raconte l'histoire de son propre voyage à travers un profond chagrin écologique et une grande anxiété, déclenchés par la décision de faire naître un enfant dans ce monde incertain. Elle associe ce récit aux résultats de ses recherches sur l'impact de la prise de conscience de l'urgence du climat et de la biodiversité sur la santé mentale, en particulier chez les jeunes, et propose des suggestions sur la manière de passer des émotions difficiles à l'acceptation et à la prise de responsabilité pour un changement positif.
Aujourd'hui boursière postdoctorale et jeune parent elle-même, Wray mentionne dans une interview que "nous ne pouvons pas ressentir ces [émotions difficiles] si nous ne comprenons pas également la menace profonde qui pèse sur ce pour quoi nous vivons, nos relations avec les autres, avec la terre, avec les autres espèces, avec les humains les plus proches et les plus chers".
Elle poursuit en disant dans une critique de son livre que "Nous ne pouvons pas faire de grands changements inconfortables si nous nous sentons à l'aise... [L'inconfort] doit briser les défenses psychologiques qui permettent aux gens de se prétendre à l'abri des vérités difficiles et d'une réalité effrayante."
Sentir notre chemin vers l'utopie
XR Writers Rebel a partagé un entretien réfléchi avec Kim Stanley Robinson sur le changement du capitalisme par la résistance non violente, et les thèmes militants de son dernier roman de science-fiction, The Ministry for the Future, l'histoire d'un organisme mondial chargé de défendre toutes les créatures du monde.
Dans le futur plausiblement meilleur de Robinson, exploré par des récits qui s'entrecroisent - certains émanant du gouvernement, d'autres de la frange radicale - les humains persévèrent en "essayant beaucoup de choses différentes" qui finissent par porter leurs fruits : "Je voulais décrire l'humanité réagissant à la crise climatique de manière non coordonnée... une sorte de roman utopique bas de gamme, qui présente un bon futur se produisant malgré l'absence de tout plan fort imposé d'en haut, ou d'en bas ou des côtés."
Active Hope, revisité
Dans l'édition révisée du 10e anniversaire d'Active Hope, Joanna Macy et Chris Johnstone proposent méthodiquement des récits porteurs de vie - des moyens de rester unis et des moyens de se détourner des faux espoirs et de rester ancrés "tout en conservant un sens de la possibilité visionnaire".
La nouvelle édition se concentre sur l'acceptation ouverte du voyage de l'effondrement et sur la manière de "nourrir et de renforcer notre capacité et notre engagement à jouer notre rôle dans le Grand Tournant". Le cadre d'Active Hope repose sur trois histoires simultanées : Business As Usual, The Great Unraveling, et The Great Turning, et nous demande : quelle histoire voulons-nous soutenir ?
The Great Turning postule qu'une "révolution nécessaire" est l'aventure essentielle de notre époque, et que des comportements autrefois marginaux ou radicaux deviennent contagieux : "ce qui gagne du terrain, c'est l'engagement à agir pour le bien de la vie sur Terre, ainsi que la vision, le courage et la solidarité pour le faire".
Outre le livre, le site web d'Active Hope propose de nombreuses ressources gratuites, notamment une formation en ligne gratuite de sept semaines. Si vous ne souhaitez pas suivre un cours complet, clarifier votre objectif en faisant des déclarations d'intention (ou des vœux) est une pratique utile. Chris Johnstone partage également des ressources gratuites pour le renforcement de la résilience sur son site personnel.
Dans deux ateliers en ligne récents sur le thème du changement climatique en tant que pratique spirituelle, Joanna Macy et Johnathon Gustin partagent les réflexions profondes des participants. Macy commente : "J'ai appris à être une admiratrice des gens. Considérez les qualités héroïques des autres autour de vous comme quelque chose qui vous fait vibrer."
Rester dans le pétrin
Ethical Maxims for a Marginally Inhabitable Planet est un article de Larry Churchill et David Schenck, deux bioéthiciens qui s'inspirent de leur travail dans des unités de soins intensifs et des hospices. Il décrit six maximes persuasives, ou "exercices spirituels", comme des actions pratiques ne nécessitant aucune formation particulière et pouvant être réalisées par n'importe qui à tout moment.
Lors de la deuxième session en ligne de Macy et Gustin sur le changement climatique comme pratique spirituelle, Churchill et Schenck les ont rejoints pour discuter des six maximes :
(1) travailler dur pour saisir l'immensité du changement ;
(2) cultiver un espoir radical ;
(3) avoir une ligne dans le sable ;
(4) apprécier l'étonnante opportunité de la vie en ce moment ;
(5), entraîner son corps et son esprit à gérer le désespoir et les limites de l'ego ; et
(6) agir pour les générations futures de toutes les espèces.
Le travail difficile impliqué dans la première étape est un processus de compréhension de l'impossible et de passage à une "incarnation ressentie" pour travailler avec la peur, le chagrin, la rage et toutes les émotions qui peuvent surgir. Ils citent l'exemple des directives anticipées pendant la maladie, des documents qui tracent une ligne dans le sable autour des traitements que l'on accepte.
De bonnes méthodes d'adaptation, qui abandonnent toute pensée fantaisiste, permettront un "atterrissage plus en douceur et une horreur plus courte", affirment les auteurs, qui nous demandent de nous inspirer de ceux qui ont survécu à des circonstances sombres : camps d'holocauste, isolement cellulaire, et dans "les communautés de réfugiés, les famines et les scénarios de fin de vie."
by Kyle Cleveland. Source: Unsplash
ARTS ET CULTURE
Des événements comme la COP-26 témoignent de l'incapacité collective à imaginer les prochaines étapes. C'est pourquoi DA Quarterly se tourne vers la vision du futur, avec toute la créativité dont nous sommes capables, pour nous inspirer de nouvelles façons de voir, ouvrir des fenêtres à l'innovation et toucher le cœur des gens.
FIRE
Un chœur de filles d'une puissance phénoménale libère une vague de rage féminine dans cette interprétation incontournable de Fire, de Katerina Gimon, par le Texas All-State Treble Choir 2022. L'œuvre chorale intègre des appels et des cris gutturaux, des syllabes absurdes et des percussions vocales et corporelles.
Le train impossible
Dans cette parabole animée de Phoebe Tickell et des "praticiens de la médecine narrative" de Moral Imaginations, un train impossible ne s'est jamais arrêté, et personne ne pense qu'il peut s'arrêter. Mais lorsqu'un incendie se déclare et que le train s'arrête, les gens entendent pour la première fois le chant des oiseaux... et découvrent que les rails tombent dans un profond canyon.
Le travail du groupe "Moral Imaginations" consiste à "désensibiliser nos sens pour percevoir ce qui a toujours été là". Leur récit pose la question suivante : "Que pouvons-nous faire en ce moment, et que sacrifierons-nous pour construire un avenir différent ?"
Points de retour
Vingt-cinq artistes internationaux explorent des stratégies de restauration dans cette riche exposition en ligne d'œuvres d'art écologiques en vidéo, sculpture et photographie. Six des artistes parlent de leurs intentions, et bien que leur programme indique que nous ne faisons que nous approcher d'un "point de non-retour", il y a beaucoup à réfléchir à travers une lentille d'effondrement, soulignant la différence entre ce que les conservateurs disent que l'œuvre signifie et la façon dont le sens est vécu.
Votre ancêtre
"La croissance était mon saint Graal... exit l'Homo Economicus", chante Nynke Laverman dans un rap parlé dynamique sur la décroissance.
The Quarry : Une base de données de poésie sur la justice sociale
The Quarry est une collection consultable de plus de 600 poèmes pour la justice sociale pouvant être partagés librement. Fondée par Split This Rock en 2009, la base de données offre un éventail visionnaire de poèmes contemporains pour nous aider à nommer les injustices, à faire le deuil des pertes et à exprimer notre amour, notre rage et notre résistance.
Par exemple, Meditations in an Emergency de Cameron Awkward-Rich :
"Je me réveille & cela me brise le cœur. Je tire les stores & le frisson de la pluie me brise le cœur. Je sors. Je prends le train, je marche parmi les immeubles, les hommes en costume du lundi. Le vol des colombes, la ville de tentes sous le passage souterrain, la masse recroquevillée, les vieilles femmes qui vendent des roses, & tous les enfants, me brisent le cœur. Il y a un rêve que je fais dans lequel j'aime le monde. Je cours d'un bout à l'autre comme des doigts dans ses cheveux. Il n'y a pas de frontières, seulement du vent. Comme toi, je suis né. Comme toi, j'ai été élevé dans l'institution du rêve. La main sur mon coeur. La main sur mon stupide coeur."
World Weather Network
Entre juin 2022 et juin 2023, 28 agences artistiques installeront des stations météorologiques mondiales dans un lieu ou une région significative, invitant des poèmes, des histoires, des journaux vidéo, et plus encore, pour constituer un "archipel de voix." Des conférences et des performances seront diffusées tout au long de l'année par des experts en écologie, en politique et en philosophie.
Envoie-nous ton astéroïde, ô Seigneur !
Le ver de l'oreille de ce numéro est un hymne magnifiquement chanté, au ton ironique, qui rivalise avec la précocité de n'importe quel hymne des Monty Python.
RESOURCES
Nombreux sont ceux qui ont le désir de construire une communauté mais se sentent déconnectés et dépassés pour savoir par où commencer. Cette section propose des liens vers des méthodes permettant de construire un monde meilleur, avec une mention spéciale pour les personnes et les organisations qui ont une longue expérience dans le développement d'outils pratiques pour le leadership.
Que faire face à la désinformation ?
La désinformation vise à semer la confusion, à diviser et à démoraliser les communautés, ainsi qu'à contrôler un récit, le tout à des fins financières, politiques ou idéologiques. Ce guide utile de l'Union of Concerned Scientists propose une liste de questions à se poser lors de l'examen d'affirmations controversées. Bien que le niveau de déni climatique soit alimenté par la désinformation, cela ne doit pas empêcher un débat éclairé sur les dernières avancées scientifiques et leurs implications potentielles, comme l'ont souligné les climatologues Steffen et Knorr.
Une médecine austère
Le site propose des ressources médicales complètes pour opérer dans des environnements difficiles : médecine extrême en milieu sauvage, catastrophes, sauvetages et interventions humanitaires dans les pays en développement.
Indice des États fragiles
Cette initiative du Fonds pour la paix, basé aux États-Unis, classe la vulnérabilité de 178 pays - tous membres de l'ONU - en fonction de leur capacité à gérer leur population et leurs ressources. La fragilité est basée sur deux critères : "le gouvernement ne peut pas projeter son autorité sur la population et le territoire. Le second est qu'il est incapable de protéger ses frontières". Les causes peuvent être un gouvernement prédateur et corrompu, des guerres civiles, un génocide ou des violences ethniques, qui empêchent la mise en œuvre de politiques publiques, la construction d'infrastructures ou la protection des libertés civiles.
Répit , de Dan Vie
NOUVELLES DU DEEP ADAPTATION FORUM
Le Deep Adaptation Forum est une communauté qui a vu le jour peu de temps après la publication de l'article révolutionnaire de Jem Bendell . Ils connectent toutes sortes de personnes, les aidant à incarner et à permettre des réponses aimantes à notre situation difficile, afin de réduire la souffrance et de sauver davantage la société et le monde naturel.
Cher lecteur,
L'équipe de communication et de rédaction de DAF a récemment accueilli un nouveau membre, Meenakshi Malik, qui sera d'une grande aide dans la recherche et l'édition de nos articles de blog et dans la production de plusieurs bulletins d'information internes, y compris le tout nouveau Composting Times, du Diversity et Cercle de décolonisation .
Nous sommes désormais non seulement actifs sur notre groupe Facebook de longue date et ses différents affiliés, mais également auprès de différents publics viaTwitter , Instagram et LinkedIn (ce dernier est distinct de la page LinkedIn Deep Adaptation Leadership ). Le projet « Plain English » est bien avancé, pour rendre le site Web de DAF accessible à ceux pour qui l'anglais n'est pas la première langue, ou qui ont une littératie/un vocabulaire variés.
En août, DAF lance le Mois de la gratitude , avec une variété d'articles et d'événements nous rappelant tout ce dont il y a lieu d'être reconnaissant à l'intérieur et à l'extérieur de DAF. Nous aiderons également les gens à acquérir des compétences pour cultiver la gratitude, pour les nombreux avantages qui en découlent.
Malika et Viviana, membres du Holding Group, ont produit un nouveau contenu de site Web sur les voix invisibles, et prévoyez de recueillir des témoignages de première main de personnes touchées par les scénarios dont ils discutent. Nous avons également travaillé avec Stephen Wright, membre du Holding Group, sur des documents sur l'effondrement, pour qu'il les apporte aux communautés religieuses. De plus en plus, ces groupes passent d'une acceptation du changement climatique à une reconnaissance que les choses vont (devenir) très désordonnées à mesure que les systèmes et l'écologie se détériorent, et qu'ils doivent s'y engager s'ils veulent être utiles. Il peut s'agir d'aider les autres à situer le concept d'effondrement dans leur tradition religieuse ; accepter à la fois la perte et, le cas échéant, la responsabilité ; et trouver des moyens d'aborder la repentance, la réparation et les lamentations.
Une nouvelle plateforme dirigée par des bénévoles avec les fonctionnalités suivantes devrait être lancée d'ici octobre :
Une page d'accueil multilingue sur le site DAF, basée sur une carte graphique qui aidera les visiteurs à s'orienter rapidement ;
Un espace de forum fournissant des canaux de messagerie instantanée, dans toutes les langues (grâce à la traduction automatique), et permettant la création de nouveaux groupes par n'importe quel utilisateur (que ce soit pour aborder des sujets thématiques ou locaux spécifiques) ;
Un espace wiki servant de référentiel des ressources DAF ;
Une plate-forme d'apprentissage en ligne permettant aux participants DAF d'offrir des cours autodirigés et basés sur des cohortes au reste de la communauté ;
Un plug-in permettant la traduction du contenu du site Web DAF dans de nouvelles langues.
En termes d' événements DA , les cours Art de l'écoute et être relationnel ont augmenté le nombre d'animateurs disponibles, et l'écoute profonde est de retour en tant qu'offre régulière. Le DA Death Cafe est également de retour, sur une base mensuelle.
Suite au projet « DA Academy » et en collaboration avec l'ONG suédoise Relearn, DAF testera un événement en direct en août pour les jeunes éco-anxieux dans l'écovillage de Suderbyn (Gotland, Suède). Nous continuons à expérimenter de nouveaux formats et offres proposés par les animateurs DA, le prochain étant le 7 septembre, "Falling into Place", une session pour les animateurs DA, avec Sarah-Jane Menato et Barbara Cecil. Un cours d'introduction à l'adaptation profonde par Claudia Junker est en cours de traduction de l'allemand et sera proposé en anglais cet automne.
Les préparatifs se poursuivent pour le Deep Live Gathering 2022 en France, en Suède, en Espagne, à l'île de Man, au Royaume-Uni, en Russie, au Monténégro, à la Dominique et aux États-Unis, du 12 au 19 octobre 2022. Cette année, l'accent est mis sur la communauté . Le cercle Diversité et décolonisation a pour ambition de lancer plusieurs nouvelles initiatives de sensibilisation au sein de la DAF autour de formes de discours évoquant des schémas de pensée « écofascistes », notamment sur les questions de surpopulation.
La phase de collecte de données du projet Action Research menée par Wendy Freeman et Dorian Cavé au sein de DAF est en grande partie achevée. Dorian rédige actuellement sa thèse de doctorat, qui présentera un aperçu complet des résultats de la recherche.
Cat Jenkins
Coordinatrice de la communications - Deep Adaptation Forum
